Le Mont Blanc – Préparation : Choisir la voie d’ascension – Objectif 4/7 (Partie 1/3)

Le Mont Blanc – Préparation : Choisir la voie d’ascension – Objectif 4/7 (Partie 1/3)

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Quelle voie choisir pour faire l’ascension du Mont Blanc ? Question prenante vous en conviendrez. Je me la suis posée lorsque j’ai voulu concrétiser ce projet. Vous le savez, depuis que j’ai commencé ce blog je voulais faire l’ascension du Mont Blanc. Lorsque j’ai commencé l’alpinisme et le ski de randonnée j’ai évidemment mis ce sommet sur ma liste de course à faire. Et il faisait bien sûr partie des 7 sommets mythiques des Alpes que je me suis fixé en objectif.

Le Mont Blanc en fait rêver plus d’un et nombreux sont ceux qui s’attaquent à ses 4809 mètres d’altitude. Au risque de paraître cliché, je l’ai donc inscrit sur ma liste. Et je me suis préparé pendant plusieurs mois afin d’avoir une chance de dompter la bête.

Cet article sera le premier d’une série où je vous partagerai mon entraînement et toute la préparation qui va avec pour gravir le Mont Blanc. Dans cet article nous allons aborder :

  1. L’importance de la voie d’ascension : de Peu Difficile à Extrêmement Difficile
  2. Pourquoi vous ne devriez pas faire l’ascension du Mont Blanc : fréquentation, risques et statistiques
  3. Pourquoi le Mont Blanc est en même temps un incontournable
  4. Les 5 voies « normale » d’ascension au Mont Blanc : présentation et comment choisir la vôtre !
  5. Le Mont Blanc n’est donc pas mal en soi
  6. La voie d’ascension que j’ai choisie

I/ La voie d’ascension détermine TOUT !

La voie que vous allez choisir pour réaliser le Mont Blanc va conditionner toute votre préparation ainsi que le matériel, la durée et le budget. Il y a autant de voies pour faire le Mont Blanc que de fromages pour faire une raclette ! Comme beaucoup de grands sommets les hommes s’en sont donné à cœur joie d’ouvrir toujours plus de passages pour arriver au toit de l’Europe. Or vous vous doutez bien qu’un sommet n’est pas « facile » en soi mais que c’est bien de la voie pour y accéder dont on parle ! En effet vous pourrez trouver un panel de difficulté allant de Peu Difficile (PD) jusqu’à Très Difficile limite Extrêmement Difficile (TD+). Ce qui n’a absolument rien à voir ! L’une des cotations est quasiment pour débutants et l’autre est vraiment réservé à des alpinistes chevronnés.

Donc non, le Mont Blanc n’est pas « facile », de même qu’il n’est pas « difficile ». Tout dépend de quelle voie vous parlez. Ok je suis un peu dur avec vous… C’est vrai qu’en général quand on parle d’un sommet on parle implicitement de sa voie normale. Donc dans ce sens-là, l’ascension du Mont Blanc n’est pas très difficile puisque sa voie normale la plus fréquentée (par le Goûter) est côté PD. Mais « Peu Difficile » ne veut pas dire non plus que vous pouvez partir demain avec vos tongs et vos lunettes de soleil Mickey.

Les cotations en alpinisme sont trompeuses

Il est important de comprendre que « Peu Difficile » en alpinisme est trompeur. Les risques et la difficulté d’une course « Peu difficile » mettent déjà en danger la vie de la personne qui pratique. Et une erreur sera tout aussi mortelle que pour une course Très Difficile ou autre. Et cela c’est le jeu de l’alpiniste. Ce n’est pas pour rien que c’est un sport extrême. Du fait de sa fréquentation on oublie souvent que le Mont Blanc reste une course d’alpinisme. Et même si monter à son sommet est devenu très à la mode, c’est une course qui nécessite une préparation physique et technique non négligeable !

Alors pour définir à quelle sauce vous allez être mangé vous devez d’abord définir quel est votre objectif : pourquoi voulez-vous faire l’ascension du Mont Blanc ? Est-ce un défi sportif ? Vous voulez gravir une belle montagne ? Faire du bien à votre égo ? Découvrir l’alpinisme ou le ski de rando ? Faire le Mont Blanc pour le challenge de faire le plus haut sommet des Alpes ?

L’itinéraire détermine tout … Ou presque

Si la voie d’ascension détermine presque tout, ce n’est pas entièrement vrai. Du fait d’un environnement extrême (la haute montagne), une course en apparence facile peut se transformer en cauchemar. Plusieurs facteurs peuvent y contribuer : la météo, la fatigue extrême, un petit incident de rien du tout qui se transforme en catastrophe… Par exemple l’arrivée d’une pluie verglaçante ne pardonnera pas. La neige se « vitrifie » et d’une course de neige classique vous tombez sur une course beaucoup plus difficile où la moindre faute peut être mortelle.

Petit mot sur l’engagement

La définition de l’engagement selon Camptocamp :

« La cotation engagement est une estimation du degré de danger dans lequel se trouverait l’alpiniste si un problème survenait. Elle prend en compte de nombreux critères et reste subjective. Parmi les critères principaux, on peut noter l’éloignement de la civilisation (refuge, vallée, etc.), les possibilités d’échappatoires ou de redescente, le niveau d’équipement de l’itinéraire et l’altitude. »

Camptocamp

Les voies « normales » pour aller au Mont Blanc sont cotées entre II et III pour l’engagement. Dans le doute je vous conseille vivement de faire comme si c’était engagement III.

Voici la définition d’un engagement III sur Camptocamp :

« L’itinéraire s’étale sur plus d’une demi-journée et ne se déroule plus aux abords directs de la vallée, d’un refuge ou d’une remontée mécanique. Il n’est plus forcément visible depuis la civilisation. La retraite est possible mais commence à être délicate. En cas de mauvais temps, les secours peuvent connaître de grosses difficultés pour apporter leur aide aux alpinistes. »

Camptocamp

Traduction : vous êtes sur une course d’alpinisme, en haute montagne, faites attention.

II/ Vous voulez faire le Mont Blanc ? Vous avez tort !

Le Mont Blanc sur-peuplé
Le Mont Blanc surpeuplé

Un sommet sur-fréquenté !

Car à cette étape de la lecture je dois vous mettre en garde contre le plus gros point noir du Mont Blanc… et pour le Mont Blanc, avoir un point noir vous avouerez que c’est un comble ! Bon ok… pas dingue celle-là… Bref ! Je dois vous mettre en garde car le Mont Blanc est probablement… le pire sommet pour un amoureux de la montagne ! Oui vous avez bien lu ! La voie normale du Dôme du Goûter est certainement une des pires courses que vous pouvez faire si vous aimez vraiment la montagne et l’esprit que l’on partage dans les hauteurs.

En effet, du fait de sa fréquentation, de nombreux abus sont commis tous les ans. Le nombre de personnes inconsciente qui tentent ce sommet sans aucune connaissance est ahurissant. Et « l’esprit montagne » est un peu perdu dans le flot des touristes. A tel point que ce n’est pas la voie que j’ai choisie et que je ne la ferai probablement jamais de ma vie car pour moi elle ne représente aucun intérêt.

La montagne n’est pas faite pour être accessible à tous, et selon moi elle ne doit pas l’être car elle en perdrait son essence même. C’est son caractère isolé et inaccessible qui participe à la beauté de la montagne. Si l’on assène une autoroute à grand coup de goudron et de bulldozer sur les voies qui permettent d’atteindre les sommets, alors il n’y aurait plus aucun intérêt à les gravir… Les sommets se méritent !

D’autres sommets existent

Si vous voulez faire de l’alpinisme et que vous voulez commencer par le Mont Blanc simplement parce que c’est le sommet le plus connu en Europe, c’est un peu dommage. La montagne ne se réduit pas au Mont Blanc et il y a tellement de sommet magnifique dans les Alpes qu’il serait dommage de se focaliser sur le toit de l’Europe (occidentale). Et je suis persuadé que les guides seront plus que ravis de vous accompagner pour un sommet différent et un peu moins connu mais tout aussi magnifique.

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Les difficultés de l’ascension (quelle que soit la voie)

Au sommet du Mont Blanc
Mon compagnon de cordée, frigorifié, et à bout de force après 1800 m de montée.

Quelle que soit la voie que vous allez emprunter vous aller faire face à des difficultés et des risques inhérents à ce sommet. Certains de ces risques sont même inhérent à la pratique de l’alpinisme en général. Mais bon… Parfois on en oublie que le Mont Blanc n’est pas juste une rando…

  • L’altitude : à plus de 4000 m d’altitude (du fait du manque d’oxygène) vous ne pourrez plus fournir que 70% de l’effort dont vous étiez capable au niveau de la mer. Et cela sans compter le froid, la fatigue, le stress… L’acclimatation est essentielle !

  • Le MAM ou Mal Aigu des Montagnes : Il peut être dû à une mauvaise acclimatation, à une montée trop rapide en altitude, et à une sensibilité personnelle. Chez certaines personnes il peut survenir dès 2000/2500 m d’altitude. Il survient en général dans les 4 à 12h qui suivent l’arrivée en altitude et se caractérise par des nausées, vomissements, insomnies, vertiges une perte d’appétit et une fatigue inhabituelle. Il peut mener à la mort si la personne ne redescend pas rapidement.

  • L’itinéraire : La montée de nuit, le terrain accidenté et la météo peuvent rendre l’itinéraire très compliqué à suivre. Et un itinéraire qui n’est pas maîtrisé c’est une exposition à des risques imprévus (séracs, crevasses, ponts de neiges …)

  • La présence de crevasses : comme sur tout glacier, les crevasses sont omniprésentes et leur repérage nécessite de l’expérience. Certaines peuvent faire plus de 50m de profondeur.

  • Les avalanches, chute de pierres ou de séracs (définition ici) : même si l’on peut diminuer l’exposition au risque, les avalanches font partie des éléments les plus difficiles à prévoir et même des experts de la nivologie sont morts dans des avalanches. Et c’est encore pire pour les séracs. Quant aux chutes de pierre, si vous voulez faire la voie du Goûter, vous allez en entendre parler…
Extrait du Documentaire : Mont Blanc Noir de Monde

  • L’endurance et la durée de la course : le temps est gage de sécurité en alpinisme. Si vous explosez le timing vous prenez des risques de plus en plus élevés. Les voies pour aller au Mont Blanc nécessitent pour la plupart de marcher pendant plus d’une dizaine d’heure à une altitude très élevée. Ce qui demande une endurance particulièrement développée.

  • La technique d’alpinisme : il va sans dire que si vous ne maîtrisez pas l’encordement, la marche avec des crampons et l’utilisation d’un piolet vous vous mettez vous même et toute votre cordée en danger. Savoir marcher avec des crampons ne s’improvise pas. Et si un faux pas n’a pas de conséquence sur un trottoir, il en va différemment sur une arête avec 1000 m de vide de chaque côté.

  • Le risque de dévissage (définition ici) : lié aux techniques d’alpinisme à maîtriser mais aussi aux conditions, un dévissage peut s’avérer mortel et pas que pour vous mais également pour tous les membres de votre cordée.

  • La pente : la pente que vous allez rencontrer quel que soit l’itinéraire sera de 35° pour les passages délicats des itinéraires les plus faciles. C’est une pente déjà raide et qui peut être assez impressionnante si vous n’avez pas l’habitude de la haute montagne.

  • Le vertige : lié à la pente et à l’altitude, si vous êtes sensible au vide, réfléchissez un peu avant de partir.

  • La météo : elle aura toujours le dernier mot. Comme dit plus haut, elle peut transformer une course « facile » en catastrophe. Il ne faudra pas hésiter à faire demi-tour. Et c’est particulièrement difficile quand vous avez engagé tant d’investissement dans un tel projet !

Quelques statistiques pour remettre les choses dans leur contexte

Une partie pas très drôle de l’article et j’avoue qu’en l’écrivant et en faisant mes recherches j’ai un peu choppé le blues en regardant ces stats… Mais c’est essentiel pour comprendre ce qui se joue durant l’ascension au Mont Blanc et particulièrement par la voie du Goûter.

  • 350 à 400 départs chaque jour en été sur l’ensemble des itinéraires.
  • Des refuges débordés et jusqu’à 70 tentes dénombrées au Col du Midi alors même que le camping est interdit.
  • 17 000 personnes par an sur la voie du Goûter en moyenne
  • De 1990 à 2017, on comptabilise 102 personnes décédées (26 %), 230 blessées (59 %) et 55 indemnes (14 %) sur un total de 387 personnes secourues (347 opérations de secours).
  • La seule ascension du couloir et de l’arête du Goûter génère en moyenne près de 4 décès par an.
  • 84 % des personnes victimes d’un accident sont des amateurs non encadrés par un professionnel. 9 % sont des clients de guides (dont un décès par dévissage) et les 7 % restants sont des professionnels (guides de haute montagne, CRS, militaires à l’entraînement).
  • Pour la période 2012-2017, dans les cas où cette information est disponible, on constate toutefois que les victimes d’accidents ne sont pas encordées dans 83 % des cas. En outre, 47 % de ces victimes non encordées sont décédées, principalement sur l’arête.
  • 80 à 100 interventions des secours chaque année (parfois plusieurs par jour !) dont 80 % pour épuisement lié à une mauvaise préparation physique et/ou un manque d’acclimatation.
  • Entre 40 et 100 % d’échec chaque jour de tentative. Le recours à un Guide de Haute Montagne diplômé d’Etat (UIAGM) augmente très nettement les chances de réussite.
  • De très nombreux déchets abandonnés dans un site pourtant classé.

Si vous voulez l’étude complète je vous invite vraiment à aller jeter un coup d’œil à l’étude « Accidentologie sur la voie classique d’ascension du mont Blanc de 1990 à 2017 ». Elle a été faite par le laboratoire de recherche Environnement dynamiques et Territoires de montagne (EDYTEM, université Savoie Mont Blanc), la Fondation Petzl et le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix. Le lien est dans les sources à la fin de l’article.

Pour l’anecdote, le premier drame mortel au Mont Blanc a conduit à la création de la Compagnie des Guides de Chamonix en 1823.

III/ Et en même temps … vous avez tellement raison de vouloir gravir le Mont Blanc !

Le Mont Blanc au soleil
Le beau Mont Blanc dégagé

Maintenant que je vous ai rabâché dans tous les sens que le Mont Blanc c’est dangereux si vous faites n’importe quoi, qu’il y a des risques mortels etc. Il est temps de passer à la partie cool de cet article ! Eh oui, l’ascension Mont Blanc comme toutes courses d’alpinisme présente des risques mais s’il est fait en sécurité et avec la bonne préparation, les risques sont fortement diminués. Il faut quand même dire que malgré tous les accidents la grande majorité des ascensions se passent bien !

Faites les choses bien

Car oui, faire le Mont Blanc sera probablement une des expériences les plus magiques de votre vie. C’est un sommet magique et mythique. Et un alpiniste qui n’aurait jamais fait le Mont Blanc serait un peu comme un savoyard qui n’aurait jamais mangé de fondue. Alors je ne peux que vous dire de foncer ! Mais si vous foncez, foncez bien ! Intéressez-vous à l’itinéraire, formez-vous correctement et entraînez-vous. Faites d’autres sommets avant lui, pour connaître la montagne, l’apprivoiser. Et quand le temps viendra, vous serez prêt pour l’ascension du Mont Blanc.

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Une course magnifique en haute altitude

Si vous le faites par l’arête des Bosses (c’est à dire si vous le faites par n’importe quelle voie normale) vous aurez l’occasion de marcher sur une arête de neige magnifique et de profiter d’une vue imprenable sur toutes les Alpes (si vous avez de la chance avec la météo). C’est une course d’alpinisme qui est exigeante physiquement mais qui ne présente pas de difficultés majeures techniquement. Il y a donc des chances pour que vous vous fassiez vraiment plaisir là-haut et que vous appreniez beaucoup sans vous mettre en danger. Bien sûr si vous prenez les précautions nécessaires.

Un challenge

Et le challenge sportif est attrayant ! Vous allez découvrir comment votre corps réagit à une telle altitude et mettre votre endurance à l’épreuve. Pour la plupart d’entre vous, il s’agira d’un projet de plusieurs mois, ce sera donc extrêmement gratifiant d’arriver au sommet après tous ces efforts.

Pour toutes ces raisons le Mont Blanc vaut la peine d’être gravi ! Alors maintenant essayons de déterminer par quelle voie !

IV/ Les différentes voies d’ascensions du Mont Blanc :

Les voies normales :

Je ne vais pas vous écrire un énième topo car beaucoup de site font ça bien mieux que moi (par exemple camptocamp). Je vais juste vous indiquer les éléments essentiels pour savoir si vous voulez vous lancer dans telle voie ou non.

Les itinéraires se font généralement en deux jours : un premier jour de marche d’approche avec nuit en refuge, et un deuxième jour pour l’ascension du sommet. Les cotations ci-dessous sont celles du jour de l’ascension au Mont Blanc. Si vous voulez les autres, je vous invite à aller sur camptocamp ou skitour.

1. La voie du Goûter ou l’arête des Bosses

La voie normale par le Goûter
La voie normale par le Goûter

Vous l’aurez compris, je ne porte pas cette voie dans mon cœur ! C’est la voie la plus facile en termes de dénivelé et donc la voie la plus fréquentée. Celle que je ne vous recommande pas mais que je vais quand même vous présenter. Cette voie est le plus souvent appelée « voie du Goûter » car vous passerez par le refuge et le Dôme du Goûter. Elle est parfois appelée voie de l’arête des Bosses. Il faut cependant savoir que toutes les voies que je présente dans cet article passent par l’arête des Bosses sauf l’itinéraire des 3 Monts. Elles y arrivent juste différemment.

Cotations et Dénivelé (jour de l’ascension):

  • Cotation globale : PD-
  • Engagement : III
  • Risques objectifs : X3
  • Qualité de l’équipement : P4
  • Dénivelé : +1000 m / -2587 m
  • Longueur de l’itinéraire : 7 km
  • Pente : 35°

Si vous regardez le topo sur Camptocamp, vous serez peut-être surpris de sa longueur (assez courte). Il ne faut cependant pas se laisser avoir par l’apparente facilité de cet itinéraire.

Le premier jour est très dangereux en raison du passage du « couloir de la mort » ou « grand couloir ». Il y a chaque année des morts à cause des chutes de pierres (voir vidéo plus haut). La sur fréquentation rend la chose encore plus délicate non seulement par les chutes de pierres plus régulières. Mais aussi parce que les personnes sont souvent inexpérimentées et font moins attention à l’endroit où elles mettent les pieds et font donc tomber plus de pierres.

Vous devrez certainement faire la queue à certains endroits. Et quand c’est le cas il faut essayer de ne pas être exposé aux chutes de pierres ou au risque de dévissage sur l’arête.

L’arête des Bosses quant à elle est une arête de neige magnifique. Elle est étroite et vous devrez souvent croiser des gens. Elle peut être un peu vertigineuse par moment. Les 450 derniers mètres qu’elle représente pour arriver au sommet sont certainement les plus durs physiquement.

Si vous voulez avoir un aperçu de l’ambiance au refuge du Goûter je vous recommande la lecture de cet article.

Depuis 2019 un « permis d’ascension » est nécessaire pour passer par cette voie. Il sera décerné à ceux qui auront une réservation à l’un des 3 refuges suivants : Nid d’Aigle, Tête Rousse, Goûter. Veillez donc à vous y prendre à l’avance.

Les + :

  • Peu de dénivelé
  • Et c’est à peu près tout…
  • On pourrait dire l’arête de neige qui est super belle mais bon, on y passe aussi par les autres voies sauf les 3 Monts

Les – :

  • Sur fréquenté
  • Dangereux et aléatoire à cause des chutes de pierres du couloir de la mort
  • Ambiance montagne quasi inexistante
  • Le refuge du Goûter est probablement la pire expérience d’un refuge que vous pouvez avoir

Cet itinéraire est à choisir si :

  • Vous ne tenez pas à expérimenter la montagne et son esprit
  • Vous voulez juste « faire le Mont Blanc »
  • Vous voulez le moins de dénivelé possible
  • Vous n’avez pas peur des pierres qui fusent dans tous les sens

2. Les Grands Mulets

Itinéraire des Grands Mulets (en pointillé le passage par l'arête Nord du Dôme du Goûter)
Itinéraire des Grands Mulets (en pointillé le passage par l’arête Nord du Dôme du Goûter)

Voie d’ascension historique du Mont Blanc. Itinéraire plutôt réalisé à ski de randonnée. C’est une voie beaucoup plus exigeante physiquement puisque le dénivelé positif du jour de l’ascension approche les 1800m. Selon la période à laquelle vous y allez, vous pouvez vous retrouver complètement seuls. Pas d’affolement cependant. Si vous y allez en pleine saison (Mai-Juin-Juillet selon les années), vous y trouverez certainement du monde mais rien comparé à ce que représente le refuge du Goûter.

Cotations et Dénivelé (jour de l’ascension):

  • Cotation ski : 3.2
  • Cotation globale alpinisme (si vous passez par l’arête N du Dôme) : PD+
  • Exposition ski : E2
  • Cotation ski globale : AD
  • Cotation ponctuelle ski : S3
  • Dénivelé : 1800 m / -2500 m ou 1800 m / -3600 m (selon si vous prenez le téléphérique du plan de l’aiguille ou non)

Les + :

  • Beaucoup moins fréquenté que la voie du Goûter
  • Voie plus sauvage
  • Faire le Mont Blanc à ski c’est quand même super cool !
  • La vue est magnifique depuis le plan de l’aiguille jusqu’au sommet
  • Descente beaucoup beaucoup plus rapide à ski
  • Il est possible de partir de la vallée sans aucune remontée mécanique !

Les – :

  • En fonction de la saison il y a du portage (1000 m avec les skis sur le dos pour moi car je n’ai pas pris de remontées)
  • Beaucoup de dénivelé le jour de l’ascension ce qui peut compromettre le succès de la course
  • Très exposé aux séracs si vous passez par les Grands Plateaux. Heureusement il est possible de passer par l’arête Nord du Dôme du Goûter qui est cependant un peu plus technique et pas toujours en conditions.
  • Passage de la « jonction » qui peut s’avérer délicat

Cet itinéraire est à choisir si :

  • Vous avez un bon niveau en ski de randonnée
  • Le dénivelé ne vous fait pas peur ou que vous êtes prêt à vous entraîner
  • Vous voulez faire l’ascension du Mont Blanc depuis la vallée (possible mais pas obligé. Vous pouvez prendre le téléphérique du plan de l’aiguille)
  • Vous préférez une voie moins fréquentée
  • Vous êtes prêt à faire un pari sur les chutes de séracs ou sur les conditions de l’arête N du Dôme
  • Aller au sommet du Mont Blanc par la voie historique vous fait quelque chose
  • La descente à ski vous botte un peu plus que la descente à pied 😉

3. Les 3 Monts

Itinéraire des 3 Monts : Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit et Mont Blanc
Itinéraire des 3 Monts : Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit et Mont Blanc

Course plus « technique » que la voie du Goûter car quelques passages un peu raides mais un peu moins technique que Bionnassay. Le dénivelé est là aussi plus important. Il est possible de le faire à ski ou à pied. C’est un itinéraire souvent vu comme plus esthétique que la voie du Goûter car toute la course se déroule entre 3500 et 4809 m d’altitude.

Elle peut se faire à la journée en prenant la première benne du téléphérique de l’aiguille du midi ou en 2 jours en dormant au refuge des cosmiques. Cette deuxième option est plus « tranquille » car elle permet de partir plus tôt.

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Comme son nom l’indique, vous passerez non loin de 2 des 3 monts qui constituent la course : le Mont Blanc du Tacul et le Mont Maudit. Vous pouvez aller au sommet mais cela rajoute un bon bout de course ! Vous finirez par arriver au Mont Blanc.

Les difficultés principales sont constituées par la pente (qui peut être en glace si les conditions ne sont pas optimales) : 40° sur 100 m au Mur de la Côte, 50° sur 80 m pour le Col du Mont Maudit. Il y a également une rimaye à passer ainsi qu’un sérac selon les conditions.

Cotations et Dénivelé (jour de l’ascension):

  • Cotation globale alpinisme : PD+
  • Engagement : III
  • Qualité de l’équipement : P4
  • Cotation ski : 4.2
  • Exposition ski : E2
  • Cotation globale ski : D
  • Cotation ponctuelle ski : S4
  • Dénivelé : 1660 m / -1660 m
  • Longueur de l’itinéraire : 7 km
  • Pente : 50°

Les + :

  • Voie magnifique
  • Plus technique que les autres voies normales, ce qui peut être amusant pour certains
  • Du fait de la technicité vous aurez un public différent au refuge et sur l’itinéraire. Un public peut être un peu plus montagnard…

Les – :

  • Dénivelé important
  • Itinéraire plus technique donc moins abordable
  • Du fait de la pente les conditions doivent être parfaites (risque de glace)
  • Risque de chute de séracs
  • Passage de rimaye et éventuellement d’un sérac

Cet itinéraire est à choisir si :

  • Vous n’êtes pas complètement débutant en alpinisme ou en ski de randonnée (niveau PD+)
  • Vous avez une bonne endurance
  • Vous aimez les courses un peu plus techniques

4. La Traversée de Bionnassay

Traversée de Bionnassay par le refuge du Plan Glacier
Traversée de Bionnassay par le refuge du Plan Glacier

Course un peu plus technique qui en fait rêver plus d’un ! Elle peut se faire sur deux jours ou trois jours selon que vous passez par les dômes de Miages ou non. Elle peut se faire à ski ou à pied. Selon Gaston Rébuffat elle fait partie des 100 plus belles courses du massif du Mont Blanc, et elle représente une « course de neige ayant déjà une certaine envergure ». A ne pas faire si vous êtes complet débutant. Mais elle peut être un bel objectif à long terme !

Cotations et Dénivelé (jour de l’ascension):

  • Cotation globale alpinisme : AD
  • Cotation libre et obligatoire : 3c
  • Engagement : IV
  • Qualité de l’équipement : P3
  • Cotation ski : 3.1
  • Exposition ski : E4
  • Cotation Mixte : M2
  • Dénivelé : 1600 m
  • Pente : 40°

Les + :

  • Course splendide et sauvage considérée comme « royale » par certains
  • Si vous passez par les Dômes de Miage vous aurez l’occasion de faire selon moi deux des plus belles arêtes de neige des Alpes (arête des Bosses et celle des Dômes de Miage)
  • Moins fréquenté que la voie du Goûter évidemment

Les – :

  • Voie technique et longue assez engagée
  • Dénivelé important
  • Pas faite pour les débutants
  • Vertigineux

Cet itinéraire est à choisir si :

  • Vous avez déjà une bonne expérience des courses d’arête et de neige
  • Vous êtes rapide et serein dans les manips de cordes (ou vous avez un guide)
  • Vous voulez faire une voie magnifique pour arriver au Mont Blanc
  • Vous avez une bonne endurance

5. Les Aiguilles Grises – Voie du Pape (voie normale italienne)

Voie des Aiguilles Grises ou voie du Pape
Voie des Aiguilles Grises ou voie du Pape

Possibilité de faire cet itinéraire à ski ou à pied. C’est une très bonne alternative à la voie du Goûter. En effet elle ne présente pas de difficultés trop techniques. Les seules difficultés sont le dénivelé ainsi que le choix de l’itinéraire à travers les crevasses.

Cette voie est un peu oubliée mais elle n’est pourtant pas difficile techniquement et reste magnifique. Vous aurez le sentiment d’avoir fait le bon choix quand vous rejoindrez les foules au col du Dôme.

Pour votre culture d’alpiniste : il y a bien un Pape qui a pris cette voie. Il s’agit du Pape Achille Rati plus connu sous le nom de Pie XI. C’était un alpiniste plutôt expérimenté puisqu’il avait conquis quelques beaux 4000 : le Cervin, le Pic Dufour (Mont Rose), le Mont Blanc. Il descendra par cette voie qui deviendra éponyme.

Cotations et Dénivelé (jour de l’ascension):

  • Cotation globale alpinisme : PD+
  • Engagement : IV
  • Cotation ski : 3.3
  • Exposition ski : E2
  • Cotation globale ski : AD+
  • Cotation ponctuelle ski : S4
  • Dénivelé : +1740 m / Dénivelé négatif en fonction du choix de la descente

Les + :

  • Beaucoup moins fréquentée que la voie du Goûter
  • Voie sauvage, originale et non mécanisée
  • Sans grande difficulté technique (abordable pour les débutants bien accompagnés et préparés)
  • Très bonne alternative aux voies les plus empruntées

Les – :

  • Dénivelé important
  • Beaucoup de crevasses qui barrent l’itinéraire

Cet itinéraire est à choisir si :

  • Vous voulez une expérience du Mont Blanc originale et authentique avec un vrai « esprit montagne »
  • Vous êtes prêt à vous préparer comme il se doit pour monter les presque 1800 m de dénivelé

Choisissez votre itinéraire

Maintenant allez lire les itinéraires sur camptocamp ou d’autres site et choisissez votre voie d’ascension ! En fonction de votre forme physique, de la motivation que vous avez et de l’objectif que vous vous êtes fixé. Rappelez-vous de bien définir pourquoi vous voulez faire le Mont Blanc.

V/ Le Mont Blanc n’est donc pas mal en soi

L’idée de cet article n’est pas de vous décourager de faire l’ascension du Mont Blanc au contraire ! Mais trop souvent quand on parle de ce beau sommet, on ne parle que de la voie du Goûter. Or cette voie n’est clairement pas la meilleure pour toucher les cimes.

Si vous souhaitez faire le Mont Blanc je vous suggère donc de choisir l’une des 4 autres voies qui sont présentées dans cet article. Peut-être que la voie des trois Monts et la traversée de Bionnassay seront trop techniques pour la majorité d’entre vous. Mais de nombreuses solutions existent ! D’abord vous pouvez choisir la voie du Pape ou la voie des Grand Mulets et vous entraîner pour gravir le gros dénivelé. Mais vous pouvez aussi partir bien accompagné … avec un guide par exemple ou avec une personne de confiance et bien expérimentée. La difficulté technique en second de cordée n’est clairement pas comparable à celle d’un premier de cordée. Alors profitez de l’expérience des autres pour viser une belle voie qui ne vous dégoutera pas de la montagne.

VI/ La voie d’ascension que j’ai choisie pour gravir le Mont Blanc

Face Nord du Mont Blanc à ski
Face Nord du Mont Blanc
En Pointillés : variante de gauche
En bleu : Passage du Corridor
En vert : Remontée vers l’arête N du Dôme du Goûter

Pour ma part j’ai choisi la voie des Grand Mulets. Nous voulions faire le Mont Blanc à ski et évidemment ne pas passer par la voie du Goûter. Les Grands Mulets par son caractère sauvage et historique m’attirait tout particulièrement. Et le fait de pouvoir monter depuis Chamonix jusqu’au sommet sans remontée comme les pionniers me faisait vraiment vibrer. Je voulais à la base descendre la face Nord du Mont Blanc à ski (4.2, E2, D, S4). Mais le destin et surtout la fatigue en aura décidé autrement… Mais ça sera l’objet de l’article suivant 😉

Alors quelle voie vous choisissez et pourquoi ? Dites-le-moi en commentaire 😉


Sources :
http://climbing-mont-blanc.com
https://www.camptocamp.org/waypoints/37355/fr/mont-blanc#les-5-voies-normales
https://www.chamoniarde.com/vos-activites/mont-blanc#
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mal_aigu_des_montagnes
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Blanc
– Étude sur l’accidentologie au Mont Blanc : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiBtd_wlePqAhUATxUIHXozCUYQFjACegQIBRAB&url=https%3A%2F%2Fwww.petzl.com%2Ffondation%2FEtude-Accidento-Gouter_1990-2017_FR-web.pdf%3Fv%3D1&usg=AOvVaw28Ustq-GuTbAXwBji7cKjz
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/accident-mortel-en-corse-les-pires-drames-de-la-montagne-en-france-3469286
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pie_XI
https://www.montagnes-magazine.com/actus-topo-5-voies-mont-blanc-versant-sud-italien-voie-pape
https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Alpinisme/Actualites/Alpinisme-par-quelle-voie-gravir-le-mont-blanc/1155901
https://youtu.be/RQsWl3iqFpI

 

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11 réflexions sur « Le Mont Blanc – Préparation : Choisir la voie d’ascension – Objectif 4/7 (Partie 1/3) »

  1. Bonjour Thomas et un grand merci pour votre blog très intéressant. J’avais le projet de faire le Mt Blanc (rêve d’enfant). Ma condition physique ne me permet pas d’utiliser une autre voie que celle du goûter. Après la lecture de votre article, je pense y renoncer, mais j’aimerais quand même connaitre une expérience similaire. Quel conseil pouvez-vous me donner pour que je vive cette expérience un peu loin de l’ascension de masse du Mt Blanc? Et savez-vous vers qui se renseigner pour assurer un encadrement sécurisé? Merci par avance pour votre réponse

     
  2. Merci Thomas pour toutes ces infos passionnantes. Je n’ai pas fait et ne ferai jamais le Mont Blanc, plus suffisamment la forme pour une telle course. Par contre je l’ai vécue «par procuration», ma fille y ayant emmené deux cordées de collègues l’été dernier, par la voie «classique». Un rêve réalisé même si, vous avez raison et Laetitia nous l’a bien décrite comme vous, ce n’est pas la meilleure voie pour vivre l’esprit montagne. Elle récidive cette année, fin juillet, avec un collègue… enfin ce sera fonction des consignes de sécurité vu les pbs actuels du couloir du Goûter et de l’arête des Bosses. La voie des 3 monts la tente fortement aussi. J’espère de tout cœur qu’elle pourra réaliser aussi cette course par cet autre itinéraire. Merci encore à vous pour ce blog si agréable à parcourir et à faire rêver. Michèle

     
  3. Ok c’est parti pour Les Aiguilles Grises 🔥🤩
    Est-ce que c’est facile d’y aller ? Depuis la Belgique.
    Je cherche un itinéraire vite fait bien fait.
    Donc pas sûr que L’Italie soit le meilleur choix.
    Tu donnes moins d’infos sur cette Voie donc je demande 😇
    Y a t-il des Refuges ? Je vois celui de Goneli c’est ca ?
    Combien de temps faut-il ?
    Faut-il des skis ?
    Tout ca tout ça.
    Merci !!!!

     
    1. Salut Jéremy,
      Depuis la Belgique tu vas mettre un peu de temps mais rien n’est impossible 😉
      C’est sûr que c’est pas vraiment un itinéraire « vite fait bien fait », tu as vu le dénivelé, c’est quand même très long, il faut avoir une sacré caisse. Effectivement je donne moins d’info car je n’ai jamais fait cette voie.
      Oui tu dors au refuge Gonella (https://www.camptocamp.org/routes/54151/fr/mont-blanc-voie-des-aiguilles-grises-voie-du-pape-voie-normale-italienne-).
      Selon le topo, il faut deux jours, mais veille à t’être bien acclimaté avant et à avoir une bonne endurance !
      Tu peux le faire à ski ou à pied (attention dans ce dernier cas à la descente qui sera looooongue 🙂 )

       
  4. Super article pour quelqu’un intéresse par ce sommet on voit qu’il y’a bien des alternatives au sommet classique et qu’il est bon de prendre son temps avant d’y aller.
    Ça se mérite effectivement c’est un peu dommage que trop de gens le voient comme une simple case à cocher dans une to do list .

     
  5. Clairement d’avis avec toi Thomas. Je n’ai jamais fait le Mont Blanc mais la foule ne m’attire déjà pas, alors aller en montagne pour ne pas se retrouver qu’avec Mère Nature, non merci.
    Merci pour l’article très intéressant.

     
  6. Excellent article et bonne synthèse.
    Si je peux me permettre, il y a aussi la voie de la Tournette du côté italien (un peu technique, certes).

     
    1. Merci pour ton commentaire Jean-Michel ! Ca me fait vraiment plaisir d’avoir des retours 🙂
      Effectivement l’éperon de la Tournette a l’air super et si tu veux tout savoir c’est une voie que j’ai en ligne de mire ! Vu que l’article était déjà un peu long je préférais parler des voies « classiques » et connues même si c’est un peu subjectif. Mais effectivement il faudra que j’en parle dans un nouvel article peut être 😉

       

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