Pourquoi un stage terrain n’est pas suffisant pour devenir autonome en alpinisme

Pourquoi un stage terrain n’est pas suffisant pour devenir autonome en alpinisme

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L’ouverture des inscriptions à la formation en ligne
DEVENEZ AUTONOME EN HAUTE MONTAGNE
aura lieu le
MARDI 30 MARS à 11h

Pour rappel, vous aurez UNE SEMAINE pour vous décider soit jusqu’au mardi 6 avril à 23h59. Après les inscriptions seront fermées pour une durée indéterminée le temps que je m’occupe pleinement des élèves de la formation.

Pour vous remercier de votre enthousiasme j’ai donc décidé de vous écrire ce petit article dans lequel je pense que vous vous retrouverez.

L’été dernier j’ai participé à un stage terrain d’initiation à l’alpinisme avec les guides des Écrins. Le but était de filmer ce stage et de vous faire partager toutes ces connaissances qui sont essentielles quand on veut débuter. Le stage d’initiation vous apprend les bases de l’alpinisme : comment marcher avec des crampons, tenir son piolet, s’encorder … C’est très souvent un bon moment passé avec des guides passionnés et passionnants qui vous transmettent leurs connaissances. Et si vous n’en avez pas fait je vous exhorte vivement d’aller regarder le site de la compagnie des guides des Écrins.

Mais il y a un problème.

A la fin du stage je demande aux participants : « Alors, vous prévoyez quoi comme course à la suite de ce super stage ? »

Et la réponse fut sans équivoque : « Ah non mais moi je ne me sens pas de partir tout seul encore ! »

Et c’est : NORMAL. On ne devient pas autonome en haute montagne en 5 jours ! Ni même en 5 semaines. D’une part parce que c’est un processus qui prend du temps mais d’autre part parce qu’on ne vous dit pas tout lors d’un stage d’initiation à l’alpinisme.

La face visible de l’iceberg : les techniques de base en alpinisme

Un stage d’initiation ne vous apprend que la face visible de l’iceberg. Je m’explique.

Quand on s’imagine alpiniste ou qu’on regarde les autres, on les voit utiliser leur piolet, marcher en crampons etc. Mais il y a également ce qu’on ne voit pas. Les connaissances et l’expérience représentent souvent plus que les techniques visibles (qui sont malgré tout indispensables, j’insiste sur ce point).

La partie « pratique » de l’alpinisme est facile : il faut un peu s’entraîner à marcher, utiliser son piolet et allons-y ! La preuve : il est facile de se faire emmener, mais beaucoup plus difficile d’être autonome.

La partie « théorique » ou les connaissances sur la montagne : ça c’est compliqué !

La face cachée de l’iceberg : tout ce qu’on ne vous apprend pas pendant un stage d’alpinisme

A l’issue d’un tel stage on sent bien qu’on n’est pas prêt pour partir en montagne mais on ne sait pas trop pourquoi. On perçoit les risques sans les comprendre. On voit que l’itinéraire n’est pas très compliqué mais on ne saurait pas prendre la bonne décision au bon moment. On voit sur Météo-France « qu’il fait beau » mais sans aller plus loin dans la prévision météorologique. On sait qu’il y a des crevasses sur un glacier mais on ne sait pas exactement que faire pour diminuer au maximum les risques.

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Et toutes ces connaissances représentent la partie cachée de l’iceberg. Ce sont ces connaissances qui vont permettre à votre guide de choisir un itinéraire plutôt qu’un autre. De passer à la droite de cette crevasse ou à sa gauche. De raccourcir l’encordement dans telle situation. Et ultimement de vous guider sur la course de A à Z.

Et ces connaissances, qui sont aussi de l’expérience accumulée par la pratique et les erreurs, sont un peu déstabilisantes. Car ce sont des choses qui sont souvent devenues instinctives pour la personne qui vous guide. Et donc que cette personne ne vous communiquera pas forcément.

L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.

Oscar Wilde

Si l’on médite 5 minutes sur cette citation d’Oscar Wilde, on comprend vite que c’est exactement pour cela que l’homme a commencé à écrire des bouquins ! Pour éviter de répéter les erreurs des autres. Et c’est cela qui petit à petit forme la connaissance.

On ne peut pas tout apprendre en 5 jours de stage

Tout n’est pas transmis pour d’autres raisons évidentes. Le guide peut estimer qu’il est encore trop tôt pour vous enseigner comment analyser la météo ou trouver son itinéraire. Et c’est justement parce que l’alpinisme ne s’apprend pas en 5 jours que nous avons tous besoin de pratiquer mais aussi d’apprendre la théorie. Il faut donc se former sur plusieurs mois voire plusieurs années en apprenant puis en mettant en pratique. Mais l’un ne va pas sans l’autre.

La course commence à la maison

Avez-vous demandé à votre guide combien de temps il prenait au début pour préparer une sortie ? Entre la préparation de l’itinéraire, l’analyse de la météo et des conditions de neige, la préparation du matériel, etc ? Il est probable que la préparation de la sortie lui prenne plusieurs heures.

Et moins on a de connaissances plus on prend du temps pour faire toute cette partie de préparation.

Préparer sa course alpinisme ski de rando

Se faire emmener en montagne

Il y a enfin un dernier facteur qui joue. Certaines personnes veulent juste être « emmenées en montagne », elles n’ont pas de but de progression ou d’autonomie. Et c’est complètement ok. Nous n’avons pas tous les mêmes envies et les mêmes aspirations. Mais il faut bien comprendre que cela a donné naissance à deux types d’accompagnateurs : ceux qui vous emmène et ceux qui vous apprennent.

Il y a en effet des guides vous emmèneront faire votre course, vous aurez passé un bon moment mais vous n’aurez pas appris beaucoup. Et il y a des guides qui mettent l’accent sur la progression et qui vous transmettront au maximum leur savoir. L’un comme l’autre a leur raison d’être et il n’y a pas de « meilleur » ou de « moins bien ». Ils répondent seulement à des besoins différents.

Le risque c’est donc que vous vous retrouviez avec un accompagnateur qui ne répond pas à votre envie profonde. Et ça m’est arrivé assez souvent au début et pas qu’avec des guides ! Le nombre de sorties ou j’aurais souhaité que le leader me dise à chaque instant son analyse, ses conclusions et qu’il me transmette absolument toutes ses connaissances … je ne les compte plus ! J’étais une véritable éponge qui ne souhaitait qu’une seule chose c’est qu’on lui donne à boire l’eau de la connaissance !

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Pendant un stage terrain vous ne pratiquez pas tout

Pendant un stage on va vous dire comment faire mais vous n’allez pas vraiment être proactif. Je vais prendre une image.

Quand vous apprenez à conduire il y a 3 étapes :

  1. Vous apprenez le code de la route
  2. Vous apprenez à conduire sur un parking en milieu aseptisé (avec des risques très limités)
  3. Vous conduisez sur la route et c’est vous qui êtes au volant, qui prenez les décisions et les risques

Si vous vous rappelez un peu de vos premières heures de conduites, la partie « conduite sur parking » a du vous prendre quelques heures, 5h tout au plus.

Par contre la partie conduite sur route, où vous devez prendre vos propres décisions, ça c’est compliqué. Ce qui est difficile c’est bien de prendre ses décisions soit même ! On veut tourner, on fait les contrôles, rétro, angle mort, clignotant et on s’engage. Apprendre à conduire c’est apprendre à gérer les risques.

Exactement comme en alpinisme.

Un stage terrain représente cette première partie sur le parking. On vous met dans un environnement très sécurisé, où vous êtes guidé mais vous ne prenez pas vos propres décisions. On vous dit tout. Vous n’êtes pas vraiment au volant puisque vous suivez. C’est une partie essentielle qui permet d’être corrigé et d’apprendre les bases mais qui n’est pas du tout suffisante.

L’oubli, votre pire ennemi

Un autre facteur qui fait des ravages c’est l’oubli. Vous passez 5 jours à pratiquer, c’est super. Et puis au bout d’un mois, vous avez tout oublié. Alors que faut-il faire ? Refaire un stage ? Oui ça peut être une solution mais ça n’est pas la seule… 😉

En résumé

Ce que vous apprenez pendant un stage d’initiation :

Un stage d’initiation présente plusieurs inconvénients majeurs :

  • Il s’oublie vite si on n’a pas de piqûre de rappel
  • 5 jours c’est trop court
  • On vous dit tout ce qu’il faut faire sans vraiment vous rendre proactif
  • Tout ça en supposant que vous fassiez un vrai stage d’initiation et pas que vous vous fassiez « emmener en montagne »

Ce qu’on n’apprend pas en stage d’initiation à l’alpinisme et qui pourtant est essentiel :

  • Préparer votre course
  • Choisir l’itinéraire et prendre le lead
  • Choisir vous même quand vous devez adapter vos techniques au terrain rencontré
  • Analyser la météo en amont et sur le terrain
  • Lire un topo et comprendre les cotations
  • Choisir votre matériel
  • Analyser les risques et les gérer (c’est souvent fait à votre place)
  • Avoir un plan d’action pour vous préparer à une grosse course ambitieuse
  • Savoir quand faire demi-tour
  • Et de manière générale comment continuer à progresser dans votre pratique à la suite du stage

Évidemment toutes ces choses peuvent s’apprendre dans d’autres stages. Le but ici n’est pas de dire que les stages sont inutiles bien au contraire. Mais il y a beaucoup de choses théoriques que vous pouvez apprendre en amont d’un stage voire vous entraîner carrément depuis chez vous. Par exemple, vous n’avez pas besoin de partir en montagne pour apprendre comment préparer une sortie (je pense à ceux parmi vous qui habitent loin 😉 ).

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Les solutions : que faire après un stage initiation pour poursuivre votre progression ?

Alors comment régler le problème de ce participant qui ne savait pas quoi faire et par où continuer après un tel stage d’initiation. Plusieurs options s’offrent à vous :

  • Sortir en montagne avec des potes : coût assez peu élevé si c’est avec des potes. Il y a beaucoup d’avantages, c’est en partie comme ça que j’ai commencé. Le principal inconvénient étant que ça prend du temps (si par exemple vous sortez avec des gens du même niveau), que ce n’est pas facile de trouver les bonnes personnes et évidemment que c’est plus risqué !
  • S’inscrire dans un club : coût relativement peu élevé, mais souvent très peu de places disponibles pour l’alpinisme et elles sont prises d’assaut. Cela reste cependant un des meilleurs moyens de progresser.
  • Les livres : coût minime et connaissance à foison ! Le seul inconvénient c’est qu’un livre c’est un peu moins visuel qu’une vidéo.
  • D’autres stages : l’idéal est de faire d’autres stages. Mais il faut trouver un stage suffisamment pédagogique où la priorité sera à l’expérimentation et à la proactivité. L’inconvénient majeur étant le prix et le déplacement et parfois le sentiment de se laisser conduire.
  • Des vidéos sur YouTube : gratuit et sur des sujets variés vous apprendrez beaucoup de choses. L’inconvénient majeur c’est que ça ne constitue pas une méthode pas à pas et complète.
  • Une formation en ligne : méthode pas à pas, complète sans être trop complète non plus (comme un livre où on peut facilement se perdre), moins chère qu’un stage terrain et en même temps regroupe toutes les connaissances que vous trouverez dans un parcours complet de stages (l’ensemble « initiation, progression, perfectionnement »). C’est un parcours long (plusieurs mois) qui vous permet non seulement d’aller en profondeur mais également à votre rythme même si vous n’habitez pas à la montagne.

Et ça tombe bien c’est exactement ce que je propose dans la formation que nous avons créée avec la FFCAM et deux guides de haute montagne.

Nous avons créé une formation en ligne pour apprendre les bases de l’autonomie en haute montagne. Cette formation répond à tous les problèmes que l’on rencontre dans un stage terrain et elle leur est du coup parfaitement complémentaire. Je vous en dis plus très vite par mail.

Si vous êtes comme moi vous vous dites certainement que ce débat entre pratique et théorie n’a pas vraiment de sens et que comme partout il faut un savant équilibre entre les deux.

N’apprenez que la théorie et vous deviendrez un rat de bibliothèque qui a relégué ses rêves à une prochaine vie. Mais ne faites que pratiquer sans théorie et vous vous retrouverez vite au fond d’une crevasse ou sous un sérac à l’état de pizza surgelée.

 

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6 réflexions sur « Pourquoi un stage terrain n’est pas suffisant pour devenir autonome en alpinisme »

  1. Bravo Thomas, ça donne envie…
    Présentation très pédagogique, je suis fan !
    A bientôt pour te lire à travers les anecdotes vécues avec tes groupes.
    A+

     
  2. Grazie amico mio ,io non sono propio un principiante di montagna ma mi piace il tuo entusiasmo e mi piacerebbe chiederti alcune cose sul parapendio in quanto vorrei comprarmi un spiruline della Little Cloud. Inoltre mi piacerebbe conoscerti per fare qualche uscita con te (magari sugli Ecrins…quando si potrà dopo il covid..).

    Merci mon ami, je ne suis pas exactement un débutant en montagne mais j’aime ton enthousiasme et j’aimerais te demander quelques trucs sur le parapente car j’aimerais acheter une Spiruline Little Cloud. J’aimerais aussi te rencontrer pour quelques sorties avec toi (peut-être sur les Ecrins…quand on pourra après le covid…).

     
  3. J’ai fait un stage d’initiation en alpinisme dans un café des Pyrénées, et le guide nous a dis la mm chose que toi, l’expérience fait la différence….je te remercie pour ton superbe travail d’information et impatiente de découvrir ta formation 😁

     
  4. Génial vivement que la formation commence, très bel article qui donne vraiment envie d aller plus loin et tu as vraiment tt a fait raison sur tout les points.j adore c est exactement ce que je cherchais.a très vite et merci

     

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