Les sac airbags peuvent-ils vraiment vous sauver la vie ?

Les sac airbags peuvent-ils vraiment vous sauver la vie ?

Partager l'article
  
  
  

Les sac airbags peuvent vous sauver d’une avalanche en vous maintenant à la surface. Ils coutent entre 400€ et 1000€ et soit aussi cher que des skis pour certains. Ils sont donc un véritable investissement. Mais sont-ils vraiment efficaces ?

►En complément vous êtes libre de recevoir gratuitement mes deux guides « 8 courses pour débuter l’alpinisme » et « Débuter le ski de randonnée pas à pas » !
https://objectifalpinisme.com/telechargez-gratuitement-bonus/

SOMMAIRE :
00:00 : Intro
01:10 : L’étude de l’ANENA
03:00 : Le problème du non-gonflage
04:44 : La compensation du risque
05:46 : Les limites de l’analyse
06:42 : Ce qu’il faut retenir
07:49 : Votre cadeau


L’ANENA (Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches) a réalisé une étude sur l’efficacité des airbags en 2014 (la date était un peu dure à trouver donc à vérifier). D’autres études ont été réalisées à l’international depuis et j’ai décidé de vous faire un point sur ce que l’on sait des airbags et de leur efficacité. Je ne m’étendrai pas sur les différentes marques et modèles car il existe déjà des comparatifs sur internet et que ça rendrait la vidéo trop longue mais si ça vous intéresse, dites-le-moi en commentaire et je ferai peut être une vidéo là-dessus.

Les sacs airbags sont le seul élément de sécurité qui permet d’agir directement sur l’ensevelissement et de réduire sa gravité. Le fait d’être enseveli est la cause principale des décès en avalanche. Donc on a un énorme potentiel. Ce qui a poussé les fabricants à avancer des statistiques très flatteuses par le passé. Je n’ai pas revu ça dans mes recherches mais soyez vigilant par rapport au marketing. Comme souvent il n’y a pas de solution miracle.

L’étude de l’ANENA sur les sacs airbags

L’ANENA dans son étude a veillé à la rigueur nécessaire à une bonne étude scientifique.

Ils ont pris les cas d’avalanche de classe 2 ou plus donc ayant la capacité d’ensevelir une personne (si vous prenez aussi dans l’étude les cas d’avalanche qui ne sont pas suffisamment grosse vous faussez les statistiques car l’airbag n’a rien à voir dans la survie ou non de ces avalanches)

Tableau 2 : Classification canadienne des tailles d'avalanche (CAA, 2007).
Source : ANENA

Ils ont pris un groupe témoin non biaisé c’est-à-dire qu’ils ont pris les accidents où il y avait à la fois des personnes avec et sans airbag pour « comparer ce qui est comparable ». En revanche le revers de ce choix c’est que la taille de l’échantillon est moins grande.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  L'aiguille Dibona : objectif 2/7 réalisé !

Les sources des données sont variées et internationales

Alors quelle est la conclusion de l’étude ?

La réponse rapide c’est que

« les airbags réduisent significativement la mortalité dans des accidents d’avalanche grave, mais que l’effet est plus faible que ce qui avait été rapporté jusqu’à présent. »

De façon plus détaillées voilà ce que ça donne :

  • Sur 100 victimes non équipées d’airbags 22 décèdent et 78 survivent
  • Sur 100 victimes équipées d’un airbag gonflé, 11 seulement décèdent
Source : ANENA

Donc la moitié des décès aurait pu être évitée.

Cependant cela montre que la mortalité chez les utilisateurs d’airbag est loin d’être négligeable : 11% ce n’est pas rien ! Il faut bien sûr prendre en compte que l’étude se concentre sur les avalanches de classe 2 ou plus donc la mortalité est forcément supérieure par rapport à des plus petites avalanches.

L’ANENA rajoute

Même si toutes les victimes, dans l’ensemble des données présenté, avaient eu un airbag gonflé, 1 victime sur 9 serait décédée.

Mais dans cette partie nous avons exclu le principal problème des airbags : le non-gonflage.

Le principal problème des airbags : le non-gonflage

Jusqu’à maintenant on a vu les stats uniquement pour les airbags gonflés. Mais il y a un problème de taille : les airbags ça ne se gonfle pas toujours.

Parmi tous les rapports d’utilisation d’airbag dans 20% des cas celui-ci ne s’est pas gonflé. Cela inclus l’absence de déclenchement par l’utilisateur mais également la déficience technique.

Et donc la bonne nouvelle précédente à savoir qu’on réduit de 11 points le nombre de mort, passe à 9 points (80% de 11). Donc en gros au lieu de passer de 22 décès sans airbag à 11 décès avec airbag on passe de 22 sans à 13 décès avec.

[SCHEMA]

Alors quelles sont les causes du non-gonflage ? Sur 52 cas de non-gonflage, donc là on prend bien en compte que les cas où l’airbag ne s’est pas gonflé l’ANENA nous dit :

  • 60% d’échecs de déclenchement par l’utilisateur,
  • 12% d’erreurs de maintenance (par exemple, cartouche mal fixée),
  • 17% de pannes de l’équipement (par exemple, problèmes de performance nécessitant une révision de la conception et/ou de la production),
  • 12% de destructions de l’airbag au cours de l’écoulement.
Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  [Vidéo] - Une technique pour être plus endurant

Donc la cause majeure de non-déploiement de l’airbag est la déficience de l’utilisateur ! L’ANENA précise que le taux de non-déploiement est significativement plus faible chez les professionnels : 3 fois moins de non-déploiement chez les pro par rapport aux amateurs. Donc on suppose que la connaissance du matériel et la maîtrise du déclenchement diminuent le risque de non-déclenchement.

Mais il y a un effet pervers qui se cache derrière chaque matériel de sécurité : la compensation du risque.

La compensation du risque

Quand j’étais plus jeune je pratiquais le rugby, si si je vous assure !

Et je me rappelle que mon prof m’avait dit que d’avoir un casque en mousse n’était pas forcément gage de sécurité parce que le danger c’est que je me sente tout puissant et que je prenne plus de risque. Et bien pour les airbags c’est pareil. C’est contre intuitif mais quand on a plus de matériel de sécurité on prend plus de risque.

Ce phénomène est très difficile à étudier donc l’ANENA est très précautionneuse quant aux conclusions. Il est probable que ce phénomène touche les utilisateurs d’airbag. Et on peut dire sans trop se tromper que les bénéfices de l’airbag seront rapidement annulés si on s’en sert pour justifier une exposition plus grande dans des terrains où de plus grosses avalanches sont probables.

Donc comme toujours le facteur humain joue un rôle capital dans l’accidentologie en montagne.

Limite de l’analyse

Comme dans toute démarche scientifique et un minimum objectif, il est important de préciser les limites de l’étude. Ici l’ANENA rappelle que l’échantillon c’est à dire le nombre de cas d’accident recensés est assez petit et cela fausse donc l’analyse. Forcément plus on a de données et plus la stat est précise. Les données de l’étude montrent également un nombre assez peu important de professionnels et des victimes très souvent situées dans la zone d’écoulement de l’avalanche lors du déclenchement.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  7 courses pour faire une initiation alpinisme dans les Écrins

Dans les rapports exclus par l’ANENA on voit que la mortalité parmi les utilisateurs d’airbag est plus petite que dans cette étude. Donc il est difficile de savoir si c’est le fait que les avalanches soient plus petites ou si c’est vraiment l’airbag qui a joué.

Et enfin nous n’avons aucune info sur l’efficacité des airbags en cas d’obstacles : en gros est-ce que votre airbag vous aide à survivre si sur le chemin de l’avalanche il y a des rochers.

Ce qu’il faut retenir des airbags

  • Les airbags peuvent s’avérer efficace mais ne garantissent pas votre survie et leur impact sur la mortalité est moins important que ce qu’on pensait
  • Pour les avalanches de taille 2 ou plus, si le gonflage fonctionne le risque de mourir est diminué de moitié
  • Le non-gonflage nous l’avons dit est le principal obstacle à l’efficacité des airbags (20% des cas)
  • Dans 60% des cas de non-gonflage c’est la faut de l’utilisateur donc : formez-vous et entraînez-vous ! Et n’oubliez pas de faire réviser votre airbag
  • Et enfin les bénéfices de l’airbag sont nuls si on s’en sert pour engager plus fort dans des terrains expo ou avec risque de grosses avalanches

Je vous invite à informer tout type d’accidents ou incidents dont vous auriez pu être témoin à l’ANENA et sur la base SERAC de Camptocamp. Car c’est grâce à ça qu’on peut faire ce genre d’étude.

En attendant je vous dis : à plus dans les hauteurs et surtout, soyez prudents !

Sources :

Etude de l’ANENA : https://www.anena.org/7601-efficacite-des-airbags-avalanche.htm
Une autre étude : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1080603221001150
Le site Data avalanche : http://www.data-avalanche.org/
La base de données SERAC : https://www.camptocamp.org/serac
Pour contacter l’ANENA : https://www.anena.org/5053-e-mails-equipe.htm

 

Partager l'article
  
  
  

Laisser un commentaire