7 erreurs de débutant que j’ai commises en photo d’alpinisme

7 erreurs de débutant que j’ai commises en photo d’alpinisme

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Je reçois aujourd’hui Clément sur le blog qui va vous partager dans cet article invité les erreurs à ne pas commettre quand vous voulez faire de belles photos d’alpinisme. Sans plus de préliminaires, je le laisse se présenter et vous donner ses meilleurs conseils !

Après une course d’alpinisme, avez-vous déjà mis plusieurs jours à redescendre sur Terre ?  J’imagine que oui, et qu’en plus vous avez eu envie de raconter ces moments à vos proches 😉 C’est à ce moment-là que de bonnes photos sont précieuses !

Le souci, c’est que faire des photos en alpinisme ce n’est pas évident. Beaucoup de contraintes qui se rajoutent.

Le poids d’abord, car chaque gramme d’équipement à porter compte. Le temps ensuite, car pour tenir l’horaire d’une course, on ne va pas s’arrêter toutes les 10 minutes pour prendre la pose. Et enfin, la concentration. Oui, car comme l’enseigne Thomas sur le blog, il faut toujours rester concentré, anticiper, pour prendre les bonnes décisions et évoluer en sécurité en alpinisme. Et donc en plus de ça il faudrait rajouter de l’énergie pour faire de jolies photos ? Ça commence à faire beaucoup !

Je m’appelle Clément Belleudy, photographe professionnel et formateur, et passionné de montagne (alpinisme, escalade, ski et parapente). Moi aussi j’ai pas mal tâtonné pour améliorer ma façon de photographier en montagne et j’ai fait beaucoup d’erreurs qui m’ont permis de progresser.

Dans cet article je vais vous partager 7 de mes plus grandes erreurs en photos de montagne. Rien ne remplace la pratique, mais en connaissant déjà ces erreurs classiques, je vous garantis que vous allez rapidement améliorer vos photos en montagne. À tester dès votre prochaine course d’alpinisme donc 🙂

Ne pas investir dans du matériel d’alpinisme light dès le début

Quand j’ai commencé l’alpinisme, j’ai dû comme tout le monde investir dans du matériel. Et je me suis dit « je suis débutant, inutile de prendre du matériel léger performant à mon niveau, je ne fais pas de grosses courses ». Par exemple, mon unique sac à dos, le Deuter Guide 35, pesait 1,5kg ! Ok, il est indestructible. Mais Un kilo, c’est le poids de mon reflex avec un objectif dessus ! Quand je me suis aperçu de ce gisement massif de poids, j’ai investi dans un sac plus léger pour les sorties à la journée : le Black D Blitz : 300g. Et hop, 1,2kg de gagné en dépensant moins de 100 euros !

exemple de matériel d'alpinisme léger

Cela s’applique à tout votre équipement (dégaines, chaussures, etc). Ne prenez pas comme moi des dégaines bien lourdes d’escalade en salle, car chaque gramme compte !

Comprenons-nous bien, je ne suis pas en train de vous recommander d’acheter tout en carbone ultra léger (en plus, je suis contre la surconsommation 😉). Concentrez-vous avant tout sur les meilleurs ratios « euro investi – poids gagné ». Le sac est un bon exemple : 80 euros dépensés pour gagner 1kg. En revanche, payer un piolet carbone 200 euros pour gagner 300g, c’est beaucoup moins rentable. J’ai vu que Thomas a fait une vidéo pour faire son sac comme un guide. Regardez le baudrier du guide, c’est un autre bon exemple ! 

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Mais quel est le rapport avec la photo ? Dites-vous bien que chaque gramme en moins, c’est de l’énergie en plus que vous pouvez réinjecter dans la photo :

  • Pour être plus à l’aise physiquement et bouger vite (ex : doubler des cordées et tester plus d’angles différents). Bien sûr cela ne vous empêche pas de vous entraîner en fractionné à côté pour améliorer votre forme 🙂
  • Pour mieux anticiper les passages photogéniques et gérer à la fois l’assurage et les photos.
  • Pour porter votre appareil (si vous ne photographiez pas au smartphone !)

Faire confiance à l’appareil photo pour faire les réglages

Je me souviens de ma première course d’alpinisme : Roche Faurio. Nous partons dans la nuit du refuge des Écrins à la frontale. En remontant le Glacier Blanc encordés, le ciel s’éclaircit et le soleil se lève. Les couleurs sont magnifiques et l’ambiance sauvage. Je prends mon appareil photo et je compose mon image : le ciel coloré en haut, le glacier en bas. La différence de luminosité est très élevée, mais je me dis que ça va aller. Pour ceux qui connaissent, je suis dans en mode priorité ouverture et je choisis ma plus grande ouverture et l’ISO maximum acceptable pour ne pas avoir de photo floue. Je regarde sur l’écran arrière : parfait, c’est net. Je range l’appareil.

Je ne le sais pas encore, mais je viens de commettre une grave erreur. De retour à la maison derrière mon ordinateur, je découvre qu’une partie du ciel est toute blanche, « brûlée ». J’aurais pu le voir si l’histogramme était affiché automatiquement avec l’image sur l’écran de mon appareil !

L’histogramme est un graphe pas compliqué : l’abscisse indique la tonalité des pixels de l’image, du pixel le plus sombre au pixel le plus clair. En ordonnée, c’est le nombre de pixels pour une tonalité donnée. Par exemple dans ma photo, on voit qu’il y a une barre verticale plaquée à droite : cela signifie qu’il existe des pixels tout blancs dans mon image. Cela correspond à la zone toute blanche du ciel !

Explication photo surexposee histogramme

Et vous savez quoi ? Je photographiais en format RAW, qui permet normalement de récupérer pas mal de détails, mais cette fois-ci ça n’a pas suffi. Il faut régulièrement vérifier son histogramme, même avec un appareil récent ! Si vous voulez en savoir plus sur l’intérêt du format RAW en montagne, j’en parle dans mon guide gratuit que vous pouvez télécharger en cliquant ici.

Pour savoir comment j’aurais pu faire pour éviter pour éviter cette zone cramée, vous pouvez lire l’article sur la correction d’exposition de mon ami et collègue Laurent Breillat du blog Apprendre la photo.

Confondre « sortir ET prendre des photos » avec « sortir POUR prendre des photos »

Avez-vous déjà feuilleté des catalogues de matériel de montagne ? On y voit des photos impeccables d’alpinistes en action sur une arête. Mais comment ont-ils pu capter un moment aussi parfait pendant la course, c’est trop fort !

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que pour ce genre de photo, les gens sortent dans le but de prendre des photos. Il n’y a pas d’horaire à tenir, pas de passage très délicat à passer en tête : la photo est la priorité.

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C’est très différent, car dans ce cas vous avez choisi la course pour la photo. Vous n’imaginez même pas à quel point tout est optimisé : le choix du lieu, la difficulté de la course pour avoir assez de marge de niveau, la couleur des habits des membres de la cordée (eh oui !), l’heure à laquelle on arrive sur l’endroit le plus photogénique, etc.

Bon, il existe quelques photographes qui combinent sorties photos ET courses difficiles. Un des plus grands spécialistes de cette pratique est sans doute le guide photographe Ben Tibbets, qui a tout simplement photographié les plus belles voies des 82 sommets de plus de 4000m des Alpes. En retournant même plusieurs fois sur certains sommets, pour avoir les conditions parfaites de lumières. Il a fait un livre magnifique qui raconte ce projet, je vous le conseille.

Mais si vous n’êtes pas Ben Tibbets, ne vous mettez pas trop la pression. Si votre objectif en alpinisme est d’abord de pratiquer pour progresser techniquement (et pas de faire des photos), il est normal de faire des compromis sur les images qu’on rapporte. Aucune photo ne mérite qu’on se mette en danger.

arêtes de Coste Counier
Parfois vous pouvez bien avoir des bonnes surprises sans pour autant faire une course juste pour les photos. Comme ici sur les arêtes de Coste Counier, dans le massif des Écrins.

Donc si vous faites des photos pendant vos courses en montagne (qui sont des objectifs en soi), ne vous mettez pas trop la pression. Ne soyez pas frustré de ne pas rapporter des images aussi parfaites que celles des catalogues. Ça vous permettra de vous détendre, et pourquoi pas d’organiser à votre tour des sorties alpi pour les photos si vous êtes motivé !

Ne pas avoir d’objectif ultra grand angle en alpinisme

Vous avez déjà dû vivre ça : manquer de recul quand vous prenez une photo en intérieur. Ce manque de recul peut vous arriver en photo d’alpinisme, la seule différence, c’est que ce qui vous empêche de vous reculer n’est pas un mur mais un précipice 😊

Quand vous prenez une photo en alpinisme, avoir un objectif ultra grand angle a plusieurs avantages :

  • Si vous prenez une photo d’une personne qui arrive proche de vous, le grand angle vous permet de cadrer la personne ET le cadre immense autour d’elle. Ainsi, votre photo n’est pas juste un simple portrait de la personne, mais un portrait de la personne dans la montagne ! Vous ajoutez du contexte à votre photo, ce qui permet au spectateur de mieux se sentir dans la scène.

Exemple de photo ultra grand angle

  • Puisque vous pouvez capter un grand angle de vue, vous pouvez facilement inclure dans votre cadre un élément de premier plan. Très utile pour mieux rendre la profondeur du paysage et restituer sur une photo le rendu 3D que nous percevons avec nos deux yeux ! Essayez, vous verrez.
Arête à Laurence, Chamonix
Sur l’arête à Laurenceà Chamonix, avec la Dent du Géant au fond.

Quand une occasion se présente, prendre une seule photo et ranger l’appareil

C’est une croyance assez répandue : un bon photographe fait la bonne photo du premier coup. Je vous annonce que c’est un mythe 😉

Un bon photographe fait souvent plusieurs essais de cadrages différents pour se laisser plus d’options lors de la phase de sélection. Quand vous êtes dans l’action, vous n’avez pas le temps de tout optimiser. C’est vrai même pour les plus expérimentés.

Je ne me considère pas comme un grand photographe, mais en tout cas, c’est un gros défaut que j’avais dès le début : me mettre la pression pour réussir à faire du premier coup une image qui me plaisait.

À présent, je prends le plus souvent plusieurs images (5, ou même 10, ça dépend), en testant différents cadrages et orientations, et je choisis celle qui me parle le plus une fois rentré chez moi, confortablement installé devant mon écran.

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Je vous mets un exemple d’une image de lever de soleil sur les belles arêtes de Sialouze, où j’ai pris 5 photos différentes avant de trouver le cadrage que je préférais, avec cette diagonale de lumière sur le rocher.

Arêtes de Sialouze
Mes 5 photos « brouillons », avant de trouver mon cadrage préféré pour l’image finale.

 

Arêtes de Sialouze au lever du jour
Il est 6h55, et nous allons bientôt grimper sur ce magnifique granit orangé.

Donc la prochaine fois, testez rapidement plusieurs angles. Avec et sans ce premier plan. Avec un peu plus ou un peu moins de ciel. En faisant ça, vous verrez avec le temps ce qui fonctionne le mieux et vous allez progresser !

Me mettre n’importe où dans la cordée

Je vous ai dit que faire plusieurs photos à chaque fois, c’est important. Oui, mais ça ne suffit pas 🙂 Si vous êtes le photographe du groupe, il va falloir  aussi optimiser votre position dans la cordée !

C’est un paramètre auquel je ne prêtais aucune attention au début, du coup, j’étais parfois placé en dernier dans la dernière cordée. Résultat : j’avais beaucoup de photos de gens de dos.

Descente Refuge du Pavé
Descente du Col du Pavé. Bientôt le refuge !

Ça peut faire des photos sympathiques, mais idéalement ça vaut le coup d’alterner avec des vues de faces, vos amis vous remercieront 😊

Escalade Grande Voie

Idéalement je vous conseille de vous mettre en second dans la première cordée. Ainsi vous pouvez photographier le premier de dos, mais aussi les autres cordées qui arrivent. La moins bonne position pour la photo, c’est d’être en dernier dans la dernière cordée !

Escalade Cascade de Glace
Des photos de face, c’est quand même plus sympa ! Ici à Cervières dans les Hautes-Alpes.

Faire uniquement des sorties à la journée en rentrant à 17h 

C’est un conseil qui peut paraître surprenant je sais 🙂

En alpi, Thomas vous l’a déjà dit, il faut partir tôt pour plein de bonnes raisons (sauf les séracs). C’est une bonne habitude pour garantir votre sécurité.

Seulement voilà, quand vous faites des courses à la journée et que vous travaillez le lendemain, vous serez probablement déjà à la voiture en fin d’après-midi. Précisément l’horaire où la lumière est rasante et magnifique (les fameuses golden hours).

Il n’y a pas si longtemps, je me suis fait cette réflexion : « c’est idiot de se trouver dans les embouteillages à l’heure où la montagne est la plus belle ».

Attention, je ne vous encourage à exploser les horaires des courses pour rentrer à 21h exprès, mais plutôt à programmer parfois des sorties sur plusieurs jours, avec si possible un bivouac pour être encore en montagne aux heures les plus belles de la journée !

Coucher de soleil Alpe d'Huez
Ce jour-là, pas de bivouac de prévu, juste un mauvais timing sur la cascade de glace qui nous avait fait rentrer très tard à la voiture. J’ai préféré la lumière sur l’Alpe d’Huez aux embouteillages !

J’arrive au bout de cet article. Vous avez vu que mes conseils sur la photo montagne ne concernent pas la technique photo en priorité, mais plein d’autres aspects auxquels on ne pense pas forcément comme ça ! Merci de m’avoir lu 🙏

Si vous voulez en apprendre plus sur la photo montagne, notamment sur le matériel et le post-traitement cliquez ici pour télécharger mon guide gratuit.

Régulièrement, je vous partage par mail une vidéo où je post-traite une photo en moins de 5min en filmant mon écran en direct. Ça vous permet de voir qu’il est facile d’améliorer vos propres photos, pour les rendre plus fidèles à vos souvenirs. Hâte de vous y retrouver 🙂

Et bien sûr, si vous avez une question ou une remarque, laissez un commentaire !

 

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