3 conseils indispensables + 5 itinéraires pour faire sa première randonnée glaciaire facile.
La première randonnée glaciaire est un rite de passage pour de nombreux alpinistes, marquant le début de leur aventure dans le monde fascinant de la haute montagne. C’est le moment où l’on quitte le confort des sentiers de randonnée et où l’on ose s’aventurer sur les étendues de glace scintillantes, équipé de crampons et de piolets.
L’excitation est palpable lorsque l’on se lève avant l’aube dans un refuge de montagne. Le lever de soleil sur les sommets majestueux, culminant à plus de 3 000 m d’altitude, est un spectacle à couper le souffle, qui reste gravé dans la mémoire, nourrissant le désir de revivre encore et encore cette expérience unique.
La randonnée glaciaire en alpinisme offre un accès privilégié à l’univers de la haute montagne. C’est une excellente occasion de découvrir les joies de l’alpinisme sans s’exposer à des risques élevés ou à des difficultés techniques insurmontables. Cela rend cette activité particulièrement adaptée aux débutants et à ceux qui souhaitent se familiariser avec cet environnement exigeant qu’est la haute montagne.
De plus, la randonnée glaciaire est une option idéale pour les personnes sujettes au vertige ou qui hésitent à s’initier à l’alpinisme en raison de la peur des hauteurs. Contrairement aux ascensions sur des parois rocheuses verticales, la randonnée glaciaire se déroule généralement sur des pentes plus douces, permettant ainsi de profiter de l’aventure sans être constamment confronté au vide.
3 conseils pour réussir votre première randonnée glaciaire facile
Gérer le rythme en fonction de l’altitude
Qui dit « glacier », dit « haute montagne ». Or l’altitude peut être difficile à gérer, même pour les personnes les plus en forme. Il est important de se donner le temps de s’acclimater progressivement quand on décide d’aller en altitude.
Pour limiter les effets de l’altitude pendant votre randonnée glaciaire, il est essentiel de :
- ne pas marcher trop vite. Ce qu’on appelle souvent «le pas du guide » est un rythme de marche lent, mais qui permet de ne pas consommer trop vite les réserves d’oxygène dans vos muscles.
- s’hydrater régulièrement.
- dormir une nuit à 2 500 m avant de faire une randonnée glaciaire au-dessus de 3 500 m.
Comment éviter de faire un mal aigu des montagnes ?
Le MAM, ou mal aigu des montagnes, survient généralement lorsque les personnes accèdent rapidement à des altitudes élevées, habituellement au-dessus de 2 500 mètres. Le MAM est causé par une diminution de la pression atmosphérique et de la concentration en oxygène à mesure que l’altitude augmente. Lorsque votre corps n’a pas le temps de s’adapter à ces changements, vous pouvez ressentir les symptômes du MAM.
Les symptômes du MAM peuvent varier en fonction de la gravité, mais les plus courants incluent : maux de tête, fatigue, vertiges, insomnie, perte d’appétit, nausées et vomissements. Ces symptômes peuvent survenir en quelques heures et s’aggraver si vous continuez à monter sans permettre à votre corps de s’acclimater.
En cas de symptômes graves, la seule solution est de descendre sans attendre. Méfiez-vous donc des approches rapides en télésiège. Elles vous permettent certes de gagner un temps considérable sur l’ascension, mais n’oubliez jamais qu’elles ne vous permettent pas de faire une bonne acclimatation.
Gérer le risque principal : la chute
Pour rester en sécurité lors d’une randonnée glaciaire, il faut évidemment faire attention aux crevasses sans oublier que la plupart des accidents sont dus à des chutes. Il est donc important d’apprendre à marcher avec des crampons et d’utiliser un piolet pour s’arrêter en cas de chute. Pour cela, suivez les cours d’une école de glace qui vous permettra de pratiquer ces techniques dans un environnement contrôlé et sécurisé avant de partir en randonnée glaciaire.
Si vous ne comptez faire qu’un tour sur la partie plate du glacier alors évidemment le principal risque sera les crevasses. Mais en général, une course d’alpinisme facile ou une randonnée glaciaire finit par monter sur les pentes du glacier, et là, le risque de chute devient prédominant.
En cas de doute sur la qualité de la glace ou sur l’itinéraire à prendre, mieux vaut faire demi-tour. Il ne faut jamais sous-estimer les risques liés à la randonnée glaciaire.
Comment s’arrêter en cas de chute sur un glacier ?
Savoir s’arrêter en cas de chute sur un glacier est une compétence essentielle pour la sécurité en montagne. Voici quelques étapes à suivre pour s’arrêter en cas de chute sur un glacier.
- Mettez-vous en position d’arrêt : si vous commencez à glisser sur la neige après une chute, tournez-vous sur le ventre, pliez légèrement les jambes et écartez-les pour augmenter la surface de contact avec la neige ou la glace.
- Utilisez votre piolet : tenez fermement le piolet par la tête avec les deux mains, la lame tournée vers le sol et le manche en direction de la pente. Enfoncez la lame du piolet dans la neige ou la glace aussi profondément que possible pour créer un point d’ancrage et ralentir votre chute.
- Freinez avec vos crampons seulement quand vous avez bien ralenti : une fois que le piolet est bien ancré et que vous avez bien ralenti, vous pouvez planter vos crampons dans la neige pour vous arrêter. Mais surtout, évitez de planter vos crampons directement dans la neige ou la glace si vous êtes à pleine vitesse, car cela a de grandes chances de provoquer un mouvement violent et incontrôlé.
Partir tôt : le manque de sommeil fait partie de la course
Passer une nuit en refuge avant une course d’alpinisme est une expérience unique qui fait partie intégrante du plaisir de l’alpinisme. Mais quand on choisit une course sur glacier, on est obligé de partir très tôt du refuge. Se lever très tôt (3 ou 4 h du matin par exemple) n’est pas négociable, c’est un élément de sécurité car :
- les températures nocturnes et matinales plus fraîches permettent à la neige et à la glace de se solidifier, ce qui facilite la progression sur le glacier. En revanche, lorsque les températures augmentent pendant la journée, la neige devient plus molle et la glace peut devenir plus instable, rendant la progression plus difficile et épuisante ;
- les ponts de neige sont des formations de neige qui recouvrent les crevasses des glaciers. Le matin, lorsque les températures sont plus basses, ces ponts sont généralement plus solides et fiables. À mesure que la journée avance et que les températures augmentent, les ponts de neige peuvent s’affaiblir et augmenter le risque de rupture et de chute dans une crevasse ;
- le réchauffement diurne peut provoquer la fonte des glaces et des neiges, ce qui augmente le risque de chute de pierres et d’avalanche. En commençant la course tôt le matin, on minimise ce risque en traversant les zones exposées avant que les températures ne montent.
Comment gérer le manque de sommeil ?
Le réveil matinal et le sommeil perturbé à cause de l’altitude (ou des ronflements dans le dortoir) entraînent souvent une certaine fatigue qui peut rendre l’ascension plus difficile. Pendant la randonnée glaciaire, il est donc important de rester hydraté et de manger régulièrement. Ces petites pauses aident à compenser le manque de sommeil.
La veille au refuge, le repas est servi tôt pour permettre aux alpinistes d’aller se coucher le plus tôt possible. Les exercices de méditation, d’auto-hypnose ou de cohérence cardiaque sont alors les meilleurs atouts de l’alpiniste qui veut s’endormir rapidement.
Comment choisir quelle randonnée glaciaire facile on souhaite faire ?
Pour que votre séjour en montagne se passe bien, il faut choisir une première randonnée glaciaire adaptée à votre niveau de compétence et d’expérience. Cela vous permettra d’évoluer en sécurité. Pour faire votre choix, vous devez :
- évaluer la durée et la difficulté de la randonnée glaciaire en lisant le topo (sur CampToCamp les commentaires vous donneront une idée des expériences vécues par d’autres personnes et vous aideront à choisir la randonnée la mieux adaptée à votre niveau et à vos attentes.).
- vous renseigner sur les conditions météorologiques prévues en altitude (j’utilise pour ma part MeteoBlue) et sur l’état du glacier (en appelant le gardien ou en regardant les dernières sorties du CampToCamp).
Évidemment, si vous n’avez aucune expérience en alpinisme, il faut dans un premier temps suivre une formation ou rejoindre un groupe encadré par un guide de haute montagne professionnel.
5 itinéraires pour faire votre première randonnée glaciaire facile
Je vous propose ici 5 itinéraires classés du plus facile au plus difficile. Si vous êtes un débutant complet en randonnée glaciaire, je vous recommande de commencer par le glacier du Tour ou le glacier Blanc. Si vous avez déjà une certaine expérience en alpinisme et que vous êtes en bonne condition physique, le glacier du Lys ou le glacier du Grand Paradis pourraient être de bonnes options pour vous.
Le glacier du Tour dans le massif du Mont-Blanc (France/Suisse)
Bien que situé dans le massif du Mont-Blanc, le glacier du Tour est moins fréquenté que la Vallée Blanche ou la Mer de Glace. Une randonnée glaciaire d’initiation peut commencer au refuge Albert 1er (2 702 m) et explorer les environs du glacier, offrant des vues spectaculaires sur les sommets du Chardonnet et de l’aiguille du Tour.
Si vous cherchez d’autres courses d’alpinisme faciles à proximité de Chamonix, alors vous pouvez lire l’article consacré à ce sujet.
Le glacier Blanc dans le massif des Écrins (France)
Le glacier Blanc est un glacier accessible qui offre une expérience de randonnée glaciaire adaptée aux débutants. La randonnée commence généralement au pré de Madame Carle et monte jusqu’au refuge du Glacier Blanc (2 550 m). Le parcours offre des vues spectaculaires sur le massif des Écrins et les sommets environnants.
Vous pouvez découvrir dans cet article d’autres courses d’alpinisme adaptées aux débutants dans le massif des Écrins.
Le glacier de Gébroulaz dans le massif de la Vanoise (France)
Située dans le parc national de la Vanoise, la voie normale du dôme de Polset offre une belle expérience de randonnée glaciaire. Une randonnée d’initiation peut commencer au refuge de Péclet-Polset et traverser le glacier pour rejoindre le sommet du dôme de Polset. L’ascension du glacier de Gébroulaz au lever du soleil crée un souvenir inoubliable. Cette randonnée offre des vues imprenables sur le massif de la Vanoise et les glaciers environnants.
Le glacier de Lys dans le massif du Mont-Rose (Italie/Suisse)
Situé au cœur du massif du Mont-Rose, le glacier de Lys est un véritable trésor glaciaire. Il est considéré comme l’un des plus vastes glaciers de la Vallée d’Aoste. Pour atteindre le refuge Gnifetti, point de départ de nombreuses excursions, vous pouvez emprunter le téléphérique Punta Indren. Ce secteur offre des paysages spectaculaires et une expérience de randonnée glaciaire inoubliable.
Le glacier du Grand Paradis (Italie)
Le Grand Paradis (4 061 m) est un sommet emblématique des Alpes italiennes, et son glacier est un terrain de jeu idéal pour les alpinistes en herbe. La voie normale pour gravir le Grand Paradis débute généralement au refuge Victor-Emmanuel II (2 732 m). En chemin, vous traverserez des paysages alpins époustouflants et pourrez admirer la beauté du glacier du Grand Paradis. Pour finir l’ascension, vous devrez escalader des rochers faciles afin d’atteindre la statue de la Vierge Marie qui couronne le sommet. Cet exploit vous offrira une vue panoramique sur les Alpes italiennes et françaises, et un souvenir mémorable de votre première randonnée glaciaire.
En faisant votre première randonnée glaciaire facile, vous vous lancerez dans une aventure qui marquera votre vie et vous donnera envie d’explorer davantage les sommets. N’oubliez pas de vous acclimater à l’altitude, d’apprendre à gérer les risques liés aux chutes et de partir tôt pour rester en sécurité et profiter de votre première randonnée glaciaire. Bonne aventure !
Auteur : Emilie Lechevalier
Néo-montagnarde, je me suis installée en Savoie en 2017 et j’y ai découvert l’alpinisme et le ski de randonnée.
Depuis, j’aime les cordées qui respectent les temps du topo, le gling-gling du matos qui pend au baudrier au départ d’une voie, les cordes lovées avec amour et les peaux de phoque qui collent juste ce qu’il faut…
Parmi mes plus beaux souvenirs de montagne, il y a : d’interminables bambées dans les Écrins, des grandes voies au-dessus de la mer à l’automne et de trop courtes journées de peuf entre copains.
Mais il y a aussi toutes ces heures passées à préparer des courses, à réviser des manips de corde dans mon salon et à discuter de la complexité du facteur humain.
C’est pourquoi, une fois le piolet rangé : le stylo prend le relais, pour partager des récits de voyage à la verticale mais aussi des conseils pour progresser.
C’est ainsi que je suis devenue rédactrice spécialisée dans les sports de montagne et auteure du Carnet Montagne.
Retrouvez mes courses en montagne sur le compte Instagram @lesdirtbags
Et pour aller plus loin, c’est par ici : https://emilie-lechevalier.fr/